Le marché automobile mondial : de nouveau sur quatre roues ?

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Selon une étude Euler Hermes publiée à la veille du salon de l’automobile à Paris, la production automobile mondiale maintiendrait sa croissance autour de +4% par an en 2014 et 2015, avec une accentuation de la production en Chine, en Inde et au Mexique, au détriment de l’Europe. Cette production devrait même dépasser les 100 millions de véhicules à horizon 2017. « Le marché automobile semble retrouver ses couleurs et la crise serait même effacée en termes de rythme de croissance de la production mondiale. Toutefois, la production a déjà commencé à basculer vers les nouvelles économies du fait de taux d’équipement encore très faibles comme en Chine (5%), en Inde (2%), offrant ainsi des perspectives de croissance à long terme évidentes » souligne Ludovic Subran, Chef économiste d’Euler Hermes.

  • Production automobile mondiale : +4% de croissance par an en 2014 et 2015
  • Les grands gagnants : la Chine, avec +10% de croissance de vente de voiture en 2014, et les équipementiers, avec 7,5% de rentabilité d’exploitation en 2015
  • En France : les défaillances retrouvent leur niveau d’avant crise mais la filière reste sous pression

L’analyse des ventes de voitures par marché reflète, quant à elle, les difficultés économiques auxquelles ces pays doivent faire face : reprise molle en Europe, plus nette mais sans emplois aux Etats-Unis, et enfin à la traine dans les pays émergents.

La crise économique toujours dans le rétroviseur des ventes de voitures

Les ventes mondiales de voitures sont dominées par quatre principaux marchés : Chine, Etats-Unis, Europe et Japon. Derrière ces quatre mastodontes en termes de ventes de véhicules particuliers, on retrouve des marchés émergents qui peinent encore à s’imposer en termes de volume de ventes.

Chine : 1er marché mondial

Le marché explose (+10% en 2014 et +8% en 2015) mais devient peut-être trop rentable : les prix de ventes devront baisser pour maintenir la cadence. La Chine devrait vendre 21 millions de véhicules en 2015, 25% de plus que son challenger les Etats-Unis.

Les Etats-Unis retrouvent leur compétitivité, suite à une restructuration profonde

« Le marché retrouve enfin son niveau de ventes d’avant-crise et sa compétitivité. Il est redevenu rentable après les lourdes restructurations engagées et les effectifs réduits de -20%. Nous anticipons un marché en croissance de +4% en 2014 et +3% en 2015, soit 17 millions d’unités vendues » commente Yann Lacroix, conseiller sectoriel et auteur du rapport.

Pays émergents : l’eldorado espéré peine à se confirmer

Les crises économiques et politiques freinent l’équipement des ménages en véhicule. Euler Hermes attend des immatriculations en baisse de -10% au Brésil, en faible croissance +2.5% en Inde et en contraction de -14% en Russie en 2014. Quelques nouveaux marchés de l’Arabie Saoudite à la Turquie en passant par la Malaisie apparaissent mais comme le démontrent la Thaïlande et l’Argentine, les risques économiques et politiques ont un effet direct sur le marché automobile.

Europe, le marché repart (+5% en 2014 et 2015)

Le marché européen représente plus de 17 % des ventes mondiales, avec 12,9 millions d’unités vendues. La reprise du marché automobile est attendue en hausse de +5% en 2014 et en 2015, mais toujours très loin de son niveau d’avant crise (les ventes resteront de 15% inférieures à leurs niveaux d’avant crise d’où encore d’importantes surcapacités de production). Le cannibalisme entre constructeurs européens continue de faire rage laminant les marges déjà mises à mal par les surcapacités (évaluées à près de 6 millions d’unités).

La production mondiale de voitures retrouve sa vitesse de croisière

La production automobile mondiale maintient sa croissance autour de +4% par an en 2014 et 2015

Le marché mondial a retrouvé son niveau de croissance de moyen terme à +4% par an pour dépasser les 100 millions de véhicules produits à horizon 2017. Toutefois, les pays industriels, Etats-Unis (taux d’équipement de 80%), Europe (taux d’équipement de plus de 55%) n’offriront pas un fort potentiel de croissance ; ils restent des marchés de renouvellement. Le reste du monde, du fait de taux d’équipement inférieurs voire encore très faibles comme en Chine (5%), en Inde (2%) ou en Afrique, offrent des perspectives de croissance à long terme.

La production a déjà commencé à basculer vers les nouvelles économies

Les grands équilibres ont été bouleversés avec une forte croissance de la production dans les pays comme la Chine (+149%) et l’Inde (+72%) en tête, et une nette dégradation de celle des pays industriels avec une contraction allant de -42% pour la France et jusqu’à -49% pour l’Italie. La production des modèles d’entrée de gamme a été délocalisée vers les pays dits low cost tels la Slovaquie, Slovénie, République Tchèque ou Pologne, pour conserver un niveau de rentabilité acceptable. Au-delà de la production au Mexique, devenu en quelques années l’usine de production des Etats-Unis, de nouvelles zones de production sont en train d’apparaitre en Asie du Sud Est et en Afrique du Nord.

Les gagnants de la filière : les équipementiers afficheront une rentabilité de +7,5% en 2015

Le rapport de force entre équipementiers et constructeurs a changé, notamment grâce un rééquilibrage récent en termes de taille. Les grands équipementiers, incontournables aux constructeurs, se sont d’ailleurs déplacés au gré de la production et affichent un bon niveau de profitabilité.

France : la filière automobile connait un léger frémissement mais la rentabilité reste très limitée

Une production presque divisée par deux

Les ventes devraient croitre légèrement à +3% en 2015. Toutefois, le niveau de production à 1,4 millions d’unité en 2014 reste extrêmement faible par rapport aux plus de 3 millions d’unités avant la crise et pose encore des problèmes de surcapacités. En comparaison, l’Allemagne produit 4 fois plus d’automobiles et ses constructeurs affichent une rentabilité au-dessus des 7% (contre des résultats d’exploitation entre 2 et 3% en France).

Pour répondre aux exigences croissantes de compétitivité, la grande partie des acteurs automobiles (constructeurs, équipementiers et sous-traitants) affichant des pertes en France, choisissent de délocaliser une partie de leur production pour rester rentables. La restructuration de la filière soutenue par les pouvoir publics et opérée depuis la crise pour réduire les surcapacités et répondre aux besoins d’innovation, a permis l’émergence d’acteurs de taille intermédiaire plus solides. Ainsi, après un pic de défaillances enregistré en 2009, la situation s’améliore et revient à son niveau normatif d’avant-crise 2 fois moins important, (soit 160-180 défaillances environ par an). « L’ensemble des défaillances de la filière automobile française représente un chiffre d’affaires cumulé de près de 400 millions d’euros, loin des 2 milliards d’euros de 2009 », souligne Nicolas Delzant, président du Directoire d’Euler Hermes France.