Commerce extérieur français : Dynamique conjoncturelle porteuse contre faiblesses structurelles dangereuses

Le commerce extérieur français figure actuellement parmi les moins performants de la zone euro. Les exportations de biens et services devraient toutefois croître de +37 Mds EUR en 2018 (+39 Mds EUR en 2017), soutenues par une hausse de la demande en provenance de la zone euro. La majorité des exportations additionnelles de biens proviendra des secteurs des machines et équipements (+5,5 Mds EUR, incluant l’aéronautique), de l’agroalimentaire (+4,3 Mds EUR) et de la chimie (+2,9 Mds EUR).

Export : le talon d’Achille de la croissance française

En 2018, le solde du commerce extérieur français sera négatif pour la 15ème année consécutive, le dernier excédent enregistré datant de mai 2004. Cependant, en 2017, les exportations de biens et services devraient croître de +5,9%, soutenues par l’accélération de la croissance chez les principaux partenaires commerciaux de la France. Une performance qui contraste avec celle de 2016 (-0,8%), la pire enregistrée depuis la grande récession, et dont près de la moitié provient d’un effet de rattrapage sur les prix à l’export relatif à la hausse des cours des matières premières. En effet, la croissance des exportations françaises en volume ne devrait atteindre que +3,2%, ce qui reste décevant au regard de la moyenne de la zone euro. Il faut également mettre ce dernier chiffre en perspective avec le déficit commercial français (50 Mds EUR) : pour chaque euro consommé, 33 centimes sont importés et pour chaque euro investi, 25 centimes sont importés. L’accélération de la croissance économique française, sans mesure de correction, pourrait contribuer à creuser le déficit commercial.

+21 Mds EUR de demande additionnelle à saisir en 2018

Le commerce extérieur français s’appuie sur ses voisins. Ces marchés étant matures, la France est tributaire d’une croissance qui n’est pas toujours au rendez-vous pour accroître ses exportations, contrairement à l’Allemagne qui est plus ouverte aux économies à forte croissance comme la Chine. Comme la croissance nominale européenne de 2018 devrait être similaire à celle de 2015, les exportations françaises devraient augmenter, d’environ +21 Mds EUR dont 60% proviendront de zone euro. L’Allemagne (+4,8 Mds EUR), les Etats-Unis (+1,9 Mds EUR) et les Pays-Bas (+1,5 Mds EUR) seront les destinations les plus porteuses pour les entreprises françaises. Les secteurs traditionnels français bénéficieront le plus de ce surplus de demande externe : machines et équipements (+5,5 Mds EUR, incluant l’aéronautique), agroalimentaire (+4,3 Mds EUR) et chimie (+2,9 Mds EUR).

Deux besoins élémentaires : plus d’exportateurs et plus d’innovation

L’appareil exportateur français est plus petit que celui d’autres économies de la zone euro. Prenons l’exemple italien : la croissance française surpasse la croissance italienne, mais les exportations ne justifient que 20% du PIB français contre 25% du PIB italien. Par ailleurs, la France fait face à un problème intrinsèque : elle compte moins d’exportateurs que ses voisins européens. En 2016, 124.100 entreprises françaises exportaient des biens, selon les douanes. Un chiffre en légère baisse par rapport à 2015 (-700), et qui fait pâle figure face au 300.000 exportateurs allemands et aux 200.000 exportateurs italiens. De plus, l’aventure export est une épée à double tranchants, pleine d’opportunités et de risques : 23% des exportateurs français enregistrés en 2015 ont arrêté d’exporter en 2016 ; la même proportion des exportateurs français enregistrés en 2016 relevait de primoexportateurs.

L’autre faiblesse de l’appareil exportateur français est la spécialisation croissante des économies européennes depuis l’adoption de l’euro. Un indice calculé par la Cnuced montre que les exportations françaises ont perdu en diversification, tout comme les exportations allemandes d’ailleurs. Le vrai fossé émane du contenu technologique des exportations. Un contenu fort en R&D tire vers le haut la compétitivité des exportations, et c’est un atout indéniable des entreprises allemandes. A cet égard, la performance française s’est détériorée. En 1995, le pays était classé 9ème sur 124 à l’indice de complexité de l’université d’Harvard. 20 ans plus tard, en 2015, il n’était plus que 17ème.