Alors que la conférence COP25 s’est ouverte à Madrid, les émissions de gaz à effet de serre sont toujours en hausse, et ce malgré les 1.500 lois destinées à contrer le changement climatique appliquées dans le monde entier. Dans ce contexte, la lutte contre le changement climatique pourrait s’intensifier et se renforcer à l’échelle internationale. Un scénario absolument nécessaire pour sauver la planète, mais qui ne se fera pas à n’importe quel prix. Euler Hermes, le leader mondial de l’assurance-crédit, s’est demandé quel serait l’impact d’une nouvelle vague de réglementations sur le secteur industriel mondial.
« Il existe 4 grands types de mesures : celles agissant sur le prix des émissions de CO2, celles qui influencent le mix énergétique, les réglementations relatives à la mobilité, et les taxes et amendes spécifiques à chaque secteur. Selon nos calculs, une nouvelle vague de réglementations destinées à lutter contre le changement climatique, bien que nécessaire, coûterait au secteur industriel mondial 2.500 Mds USD sur les 10 prochaines années », détaille Catharina Hillenbrand, Experte sectorielle chez Euler Hermes.
Selon Euler Hermes, c’est l’ensemble de l’économie internationale qui sera affectée financièrement par cette nouvelle vague de réglementations. Toutefois, entre investissements de mise à niveau pour respecter les nouvelles normes et sanctions pour ceux qui ont du retard dans leur application, certains secteurs seront plus particulièrement touchés :
Là où la France a le plus à craindre, c’est si le prix des émissions de CO2 venait à croître. L’industrie française pourrait alors subir, selon les estimations d’Euler Hermes, un impact financier de 55 Mds EUR sur les 10 prochaines années, soit 5,5 Mds EUR par an. Le secteur du transport serait le plus affecté, ses émissions représentant près de 38% des émissions françaises totales.
En revanche, le secteur de l’énergie serait moins affecté, grâce à sa forte orientation vers les énergies nucléaires.
Selon Euler Hermes, les entreprises doivent d’abord se préparer à subir les conséquences directes de cette nouvelle vague de réglementations. Pour les impacts directs, on peut surtout penser à une baisse de marges brutes relatives à la hausse du coût des émissions. On peut également imaginer un recul du bénéfice opérationnel qui découlerait d’un effort d’investissements R&D nécessaire pour se mettre au niveau des nouvelles réglementations.
Mais il faudra aussi prévoir des effets de second tour pour les entreprises, avec un potentiel affaiblissement de leur solvabilité, et donc un accroissement du risque d’impayés à l’échelle mondiale. Tout dépend de la vitesse d’adaptation des entreprises, qui est aujourd’hui trop lente, mais le risque ultime pourrait être la disparition pure et simple de certaines d’entre elles. Le secteur du charbon est un exemple flagrant d’une industrie immobilisée. D’autres secteurs pourraient connaître in fine le même destin.