Dans leur nouvelle étude commune, Euler Hermes et Euler Hermes Rating se penchent sur le niveau anormalement élevé depuis mi-2018 des stocks des entreprises européennes. Le ratio stocks sur nouvelles commandes augmente partout dans le monde, mais il croît de manière bien plus prononcée en zone euro : il a atteint 1,13 en mars 2019, son plus haut niveau depuis 2012. Pour comparaison, la moyenne mondiale en la matière est inférieure à 1.
Le ratio stocks sur nouvelles commandes augmente de manière constante en zone euro depuis fin 2017. Dans le secteur manufacturier, le nombre de jours de mobilisation des stocks (DIO : Days Inventory Outstanding), qui indique combien de jours il faut à une entreprise pour convertir ses stocks en ventes, a augmenté de +4 jours en 2018 par rapport à 2017. Une situation qui touche autant les grandes entreprises (+4 jours à 52 jours) que les PME (+4 jours à 58 jours). Les grandes entreprises espagnoles (+11 jours) et les PME italiennes (+9 jours) ont subi les plus fortes hausses. En France, les DIO des PME ont augmenté de +4 jours à 56 jours alors qu’ils ont baissé de -3 jours pour les grandes entreprises (à 51 jours).
Selon Euler Hermes, l’accumulation de stocks dans les entreprises européennes depuis mi-2018 est due à deux facteurs principaux :
Ces deux facteurs expliquent, à eux seuls, 30% de la hausse des stocks constatée au T1 2019.
La majorité des entreprises européennes du secteur manufacturier interrogées par la Commission Européenne en juin 2019 estiment que leur niveau de stocks est trop élevé. Or, avoir des stocks trop importants est coûteux pour les entreprises (manque de place, allocation des ressources financières, etc). Ainsi, lorsqu’elles se retrouvent dans cette situation, elles cherchent généralement à réduire leurs stocks en baissant les prix ou en réduisant leur production.
Vu l’état de leurs stocks, les entreprises européennes du secteur manufacturier devront forcément ajuster leur rythme de production. « En zone euro, la tendance est clairement à la baisse de la production, mais c’est le secteur des biens intermédiaires qui devrait souffrir le plus. En effet, dans ce segment, la production devrait baisser de -3% y/y d’ici le T3 2019 », décrit Ana Boata, économiste Senior en charge de l’Europe chez Euler Hermes.
Selon Euler Hermes, l’accumulation des stocks en zone euro devrait engendrer un recul de l’inflation de -0,2 point en 2019 et -0,1 point en 2020. Un impact sur la croissance européenne est également attendu, de l’ordre de -0,3 point en 2019 (+1,2%). En France, l’impact sur la croissance du PIB devrait être de -0,2 point.