Même chose pour un responsable militaire en opération, véritable capteur d’informations sur l’état et le moral des troupes, la nature du terrain, les forces de l’ennemi, les armes à utiliser, les ruses à déjouer, etc. Et pour un homme politique. Gouverner, c’est choisir, mais impossible de trancher à bon escient sans avoir d’amples informations, qu’il s’agisse de l’état de l’opinion, des projets du législateur, des programmes des concurrents, etc. Quant aux services secrets, au service du pouvoir politique, la quête d’information est leur raison d’être. Un homme averti en vaut deux, dit le proverbe, mais un Etat bien informé démultiplie ses moyens d’action, son influence et sa puissance. Pas de leadership politique américain sans NSA ou FBI, pas de souveraineté française sans, hier, la DST ou le SDECE, et aujourd’hui la DGSI et la DGSE.
L’entreprise nage dans un océan d’informations, et le DAF doit surfer sur la vague
L’information financière – sur sa propre organisation, sur ses concurrents, sur son marché, sur l’ensemble de son écosystème – revêt une importance de plus en plus déterminante dans un monde multicanaux, multifaisceaux, fait d’instantanéité aussi bien que de gigantisme des données à recueillir, à structurer, à comprendre et à savoir exploiter.
Cours de Bourse, attitude à adopter face à une menace d’OPA, risque de réputation suite à de mauvais résultats connus de tous les analystes aussitôt publiés, initiatives des concurrents, nouveaux produits susceptibles de révolutionner son secteur d’activité, etc. : tout peut devenir matière à instruire le dirigeant et le DAF, veilleur et gardien de l’information financière.
« L’information n’est pas quelque chose d’innocent », relève l’un des meilleurs spécialistes de la science de gestion, James G. March. Elle sert à prendre un avantage, à réduire les aléas, à s’adapter à une situation nouvelle, à préparer une décision. C’est, insistons sur ce point, un antidote à l’incertitude, omniprésente et protéiforme, et donc l’un des assets économiques les plus précieux.
« Les actionnaires exigent de l’information pointue et validée. Le fonctionnement de l’entreprise demande des remontées régulières d’information pour maîtriser ce qui tourne bien, mais aussi et surtout ce qui marche mal, afin de donner sens à l’organisation. La stratégie de l’entreprise ne peut s’envisager qu’en pensant le futur à partir des informations acquises dans le passé et traitées au présent », explique Pascal Junghans. La gestion du temps demeure une variable clé de la réussite…